Tatami, kakigôri et aburi-mochi

J’étais plus loin des réseaux, car nous avions de la visite pour les vacances! Mais si la météo a toujours des airs d’été en canicule à Kyoto, nos deux amours ont quitté le Japon dimanche matin et ils sont de retour au Québec. Ils étaient heureux de rentrer, même si ma fille s’ennuie de la salle de tatamis. Après y avoir dormi sur les futons, on les range, et ce grand espace libéré devient un lieu parfait pour jouer, créer une maison de draps, préparer une fête de toutous… Elle m’a dit qu’elle voulait en faire installer une salle pareille au Québec!

Shichi-go-san en avance
Plusieurs étapes marquent la vie des enfants au Japon, et les âges de 7 (shichi), 5 (go) et 3 (san) ans sont plus importants, car ils étaient liés à des étapes vers l’âge adulte à l’ère Heian (il y a environ 1000 ans). Pour les filles, le 3 et le 7 étaient les plus symboliques, tandis que le 5 ans était l’âge-clé pour les garçons. Aujourd’hui, on garde l’habitude de célébrer ces âges, avec une visite en kimono au sanctuaire pour prier pour une bonne santé. Idéalement, ça se passe autour du 15 novembre, mais on peut le célébrer le reste de l’année aussi. Si vous croisez une famille habillée chic avec un enfant en kimono sous la porte torii, vous pouvez savoir que l’enfant a 3, 5 ou 7 ans!

Cette année, ma fille a 7 ans, c’est la dernière fois qu’elle peut faire le shichi-go-san. Alors on est allés prendre des photos en studio, avant de visiter le sanctuaire. Dans le vaste choix, elle a choisi un kimono où des dessins de Pokémon sont intégrés au design traditionnel, c’est étonnamment bien fait.

Malgré la chaleur, on a aussi trouvé l’occasion de visiter le sanctuaire proche de notre maison, le Shimogamo-jinja, l’un des plus vieux de Kyoto (un peu plus de mille ans). On est partis à 10h, habillés de yukatas de coton, Émi a tiré sa fortune (elle a eu 大吉 « Grande chance », yé!), on a trempé nos pieds dans l’eau fraîche. Les gens souriaient beaucoup en voyant les enfants habillés ainsi, ils nous proposaient de nous aider à immortaliser le moment en photo, c’était très agréable.

Travail et aquarium
De mon côté, j’ai fait quatre entrevues avec des pères, avec l’aide de mon professeur. Nous avons utilisé Zoom. Philippe s’occupait des enfants dans la pièce d’à côté, ils se sont bien amusés avec les jeux. Pendant l’une de mes journées de travail, ils sont sortis à l’aquarium et dans les magasins de Kyoto ensemble.

Zoo de Kyoto
Le 12 août, nous sommes allés visiter le zoo de Kyoto. Les gorilles furent impressionnants, le panda roux était mignon, le jaguar qui grimpait pour allait chercher son morceau de poulet était un peu effrayant… Mais le plus impressionnant était le grand enclos des girafes où on pouvait observer de haut. Un petit girafon né l’an dernier (prénommé Mikuni) était bien enjoué, faisant des courses autour de sa mère et de sa tante, sous le regard étonné de son père, isolé dans son enclos. Je n’avais jamais vu une girafe courir ainsi, quelle maîtrise! C’était fascinant.

Mikuni, le petit girafon d’un an, en pleine course.

Gozan Okuribi
Du 14 au 16 août a lieu le Obon, un moment dédié aux décédés. La plupart des Japonais sont en congé, plusieurs lieux sont fermés, et on honore en famille les gens partis. Le 16 août a lieu un événement spécial à Kyoto : pour indiquer aux âmes des morts que la fête est terminée et qu’ils peuvent retourner aux cieux, on allume des messages sur 6 montagnes qui entourent la ville. On les allume en commençant par l’immense 大 (grand) à l’est, puis c’est le tour des deux caractères 妙法 (un sutra bouddhiste), puis c’est le dessin du bateau, puis le deuxième 大 (grand) de l’ouest, pour terminer par le dessin de la porte shintoïste. On peut suivre les allumages à la télévision locale (et sur Internet aussi).

Le 16 août, en soirée, une amie est venue nous rejoindre à la maison, car on voit deux caractères de notre balcon. On a attendu 20h, mais une grosse pluie s’est mise à tomber vers 19h, je m’inquiétais un peu… Il pleuvait, il pleuvait, mais mon amie m’a dit qu’ils allumeraient les feux quand même, que c’est organisé pour fonctionner tout de même. À 20h, on est sorti dehors (il ne pleuvait plus depuis 30 minutes), et on a attendu. Et c’était vrai! Le bateau s’est allumé avant le 妙, mais on a bel et bien vu les deux messages adressés aux âmes qui, je l’espère, ont fait un beau voyage de retour vers les cieux.

Le funa-gata, le « symbole du bateau », en feu pour l’Okuribi de Kyoto.

Soccer et jeux vidéo
En préparant ce carnet, j’avais l’impression qu’on n’avait pas fait tant de sorties pendant ces vacances, qu’on les avait surtout passées à reconnecter ensemble, à la maison. Il faut dire qu’on a annulé des activités sur notre liste : pas de parcs d’attraction, de village ninja, mais aussi pas de match de soccer. L’équipe de Kyoto disputait un match dans le nouveau stade à Kameoka (la ville à côté), mais avec la Covid, la chaleur et le trajet à faire pour s’y rendre, on a préféré acheter une passe pour visionner le match à la maison, sur Internet. Ce fut bien plaisant tout de même (même si Kyoto a perdu!)

Mais, je réalise qu’on est quand même sortis et qu’on a aussi fait visiter nos restaurants préférés: les glaces rapées kakigôri, les sushis, le thaï, l’indien, le restaurant de soba, le yakiniku, le karaage de l’infini! Et bien sûr les aburi-mochi du sanctuaire Imamiya-jinja, pâtisserie millénaire de Kyoto! Vous le comprenez, on a bien mangé!

Les aburi-mochi du Imamiya-jinja… C’est « seulement » la 3e fois que j’y vais cette année…

Ce fut un magnifique séjour et, même si tout le monde avait le cœur serré après ce beau mois passé ensemble, on était heureux d’avoir pu se retrouver. Léo réalisait tout le paradoxe : « Parce qu’ils sont venus, c’est plus difficile de les voir repartir, mais pourtant, je suis content qu’ils soient venus ». Les émotions, c’est compliqué, on peut en avoir plusieurs en même temps…
 
Voilà, Léo est retourné à l’école aujourd’hui et je vais maintenant me plonger plus attentivement dans la poursuite de mon travail. Car le moment du retour pour nous aussi arrivera vite (janvier).

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