Visite du Belem à Québec

Le 8 mai 2008, le voilier Belem quittait le port de La Rochelle sous les cris de la foule. Départ symbolique, qui rappelait tous les bateaux qui ont quitté La Rochelle vers le Nouveau monde, il y a plus de quatre siècles. Le Belem lui aussi allait déployer ses voiles et traverser l’Atlantique. Escales à Bordeaux, les Açores, Boston, avant d’arriver à Québec le 2 juillet, encore une fois sous les acclamations de la population. La foule réunie pour saluer cette arrivée savait-elle que, dans les siècles précédents, l’arrivée des voiliers français étaient tout aussi célébrée? Ils apportaient de précieuses denrées essentielles, de nouveaux colons et les lettres de l’Ancien Monde…

Cette fois, le Belem apportait avec lui beaucoup plus que sa superbe image: un véritable symbole de notre histoire. Bien sûr, celle de ces bateaux qui ont colonisés notre pays lorsque nous étions encore Français, mais aussi celle des milliers de voiliers semblables, construits à Sillery, à l’Anse-au-Foulon, après la conquête anglaise. Le commerce du bois et la construction des navires a sauvé notre pays, il n’y a pas si longtemps.

Tant de cordes, de filins et de tissus entourent le Belem qu’on dirait qu’une araignée a tissé une immense toile autour des mats. Il est élégant et majestueux. Lorsqu’on le visite, on prend vite conscience qu’une tempête sur une si petite surface s’avère sûrement une expérience terrifiante. C’est un grand voilier, mais la mer l’est encore plus. Sans aucun doute, ses stagiaires ont le temps d’apprendre par cœur les moindres recoins de ce navire. Étonnamment, le Belem a une odeur caractéristique de bois qui a vécu, d’eau et de chaleur. On y saisi sans peine les brides de souvenirs laissés en cent ans de navigation, sur ce bateau qui parle, le vent dans les voiles.

Sur le Belem, nous avons fait la rencontre de l’artiste Florent Cousineau. Il était en pleine création, car il doit compléter son œuvre « Le sentier des baisers » situé dans le Parc des Filles du Roy (dans Vanier, aux coins des rues Marie-Brière, Catherine-Sambert et Jeanne-Burel). Il cherche à photographier 800 bouches, qui avant d’être symbole de désir, sont surtout lèvres de parole. Son « sentier des baisers » reproduit donc les lèvres des femmes d’aujourd’hui, descendantes des Filles du Roy. Il nous a demandé si nous voulions participer. Nous avons accepté. Vous verrez donc les lèvres des deux Valérie qui visitaient le Belem ce jour-là. Mais saurez-vous les reconnaître?

Laisser un commentaire