Livre – L’amour au coeur de la vie

Gens du pays, c’est votre tour
De vous laisser parler d’amour.

Gilles Vigneault

Il y a deux ans, j’ai proposé un projet à mon éditeur, Québec Amérique. Parler de l’amour, mais dans un sens plus large que les amoureux, le sexe ou les trahisons. Eh bien, le livre est prêt et L’amour au coeur de la vie sera disponible le 1er février! Voici sa présentation:

En grec ancien, l’amour se disait de quatre façons. Il y a l’éros, l’amour-passion, le plus visible; le storgê, l’amour familial; le philia, qui s’amuse à flirter avec le latin « filial », mais qui est lié à l’amitié; puis l’agapè, l’amour universel, désintéressé.

Force vive, pilier de vie, l’amour prend de multiples formes à commencer par l’amour de soi: le limiter à ce qui tient dans une boîte de chocolats enveloppée de papier rouge scintillant, c’est perdre de vue combien il imprègne mille relations et gestes du quotidien.

Les 15 collaborateurs et collaboratrices de ce recueil ont choisi chacun un mot porteur, et se sont laissés guider par lui pour conjuguer l’amour à toutes les personnes et à tous les temps. Voici un extrait de leur texte:

Valérie Giffard, Trouver grâce à ses yeux
Mon inspiration semblait avoir du plomb dans l’aile et mon crayon, lui, ne payait pas de mine. Ma plume fontaine s’était tarie, laissant le papier désert. […] J’étais retenue aux douanes de l’esprit et il semblait bien que je n’avais, sur le sujet qui palpitait à ce moment-là au coeur de ma vie, rien à déclarer.

Catherine Perrin, Cinquante minutes
Le ciel a deux étages, deux vitesses. Haut perchées, les griffures blanches évoquent la silhouette vaporeuse d’une radiographie, figée dans le temps, comme une cicatrice devenue indolore. Les petits nuages ronds, beaucoup plus près de la terre, changent toute la luminosité pour un moment, mais passent leur chemin. Le ciel hollandais parle si bien.

Valérie Harvey, Une rose sans épines est un feu sans chaleur
C’est le temps des cerisiers, en plus. J’étais convaincue que ça allait me rendre un peu euphorique de revenir au Japon pendant cette période extraordinaire de l’année. C’est pire: autour de moi, les Japonais sont plus expressifs qu’à l’habitude. […] Et moi, je suis là, toute seule, comme une touriste venue soutirer une miette de beauté, mais sans personne avec qui la partager.

François Desfossés, Trait d’union
Tu as planté cet arbre dans ma vie, source du siècle à réunir. Ta main, une nuit, fut posée sur mon front, et je fus protégé des falaises. Tu m’as transmis le soir et la prière, et ma parole a pu enfin tisser un pont sur l’abîme.

Jean Désy, Fin de vie
J’ai été séduit par cette idée que le « bon » mécanicien comme le « bon » médecin se doivent d’abord – oh, l’espace de quelques instants – de regarder leur client/patient dans les yeux, tout en écoutant la raison de leur consultation. Essentiel moment de rencontre pour l’établissement de toute forme de soin, mécanique, physique et, bien sûr, psychique.

Daniel Rondeau, Ces gouttes d’eau qui glissent sur les visages
Ici, tout est compté: les patients, le nombre de pas des employés, le temps. Surtout le temps. Celui pour manger, celui pour dormir, celui que les employés peuvent nous accorder, celui qu’il nous reste, celui qu’il me reste. Dans un geste qui se veut discret, garde Patenaude approche ma canne, comme si, à sa simple vue, je me dépêcherais. Je fais semblant de ne rien voir. J’en ai fait un art.

Mylène Bouchard, Jamais avant
C. se lancerait, développerait un style bien à elle. Elle fournirait des efforts géants, déroulerait du courage, exhiberait un amour incalculable pour sa discipline. Ce serait difficile. Elle peinerait à en pleurer, aussi, le soir, dans son oreiller, pour ne pas qu’on l’entende, qu’on pense qu’une championne, ça pleure le soir.

Annie Cloutier, L’amour est un choix
Je me sentais bien avec lui. Aimée. Chouchoutée. En sécurité. Je lui disais que je l’aimais et il en faisait autant. Mais quelque chose en moi tiquait: l’amour est supposé faire mal, chambouler, au moins un peu déranger. Or, cet homme – était-ce son éducation néerlandaise – ne m’apportait que félicité. Rien ne clochait.

Samuel Champagne, Les premières fois
Quand tu fais ça avec quelqu’un que t’aimes, ça arrive pas tout d’un coup. Tu savoures les moments, un par un, tu savoures ta chance un peu, la chance que tu as d’avoir trouvé quelqu’un de qui tu vas te souvenir pas mal toute ta vie.

Geneviève Blouin, Les voeux
Sara avait immortalisé ce café d’une photo montrant la tasse fumante que Patrick portait à ses lèvres et le soleil levant à l’horizon. Le cadrage soigneux laissait hors champ les cernes de Patrick et ses épaules écorchées vives par les courroies du sac. Dans les semaines suivantes, Sara avait soumis cette photo à un concours et remporté le premier prix: cinq cent dollars d’équipement de camping dernier cri. À ce qu’il sache, elle n’avait jamais réclamé son prix.

Mélissa Verreault, Saules pleureurs
Je déambule dans le quartier à la recherche d’une poche d’oxygène, d’un recoin de tendresse, d’une oasis de rien – un lieu si calme que la rémission devient possible. Il fait beau. On dirait le printemps. C’est le printemps, en fait. Mais pas chez nous. Pas depuis deux mois. Se séparer du père de son enfant laisse toujours un goût d’hiver.

Hans-Jürgen Greif, Le ciel partagé
Le reste de la journée, je n’arrêtai pas de penser à elle, séduisante et secrète, forte et fragile. Sa maturité rendait sa jeunesse plus éclatante encore. Impossible de me concentrer sur mon travail. Cet après-midi-là, les remarques de mon superviseur ne me faisaient pas un pli. Par moments, j’ai failli l’envoyer promener. Je rêvais de partir, avec elle. Étrange: sans savoir d’où me venais cette certitude, j’étais convaincu d’avoir trouvé la femme que j’allais aimer jusqu’à ma fin.

Marie-Paul Ross, La croissance
Le respect consiste à reconnaître la valeur de l’autre. Indépendamment de nos perceptions émotives, la reconnaissance de l’unicité de chaque personne oriente la gratuité de l’amour.

Père Benoît Lacroix, L’amour, à la rencontre de deux bontés
Je t’aime parce que tu es là. Parce que c’est toi qui es là, parce que c’est toi qui existes devant moi. Si je t’aime toi, je dois non pas répondre à tes questions sur moi, mais répondre en pensant à t’aimer toi. […] L’amour à sa perfection, c’est d’aimer l’autre parce qu’il est l’autre, parce qu’il est une forme du bien.

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