La liste de mes essentiels

L’automne commence avec l’équinoxe, et l’entrée dans cette nouvelle saison est l’occasion pour moi de faire le bilan de notre séjour au Japon jusqu’à maintenant. Donc, de me demander : « Coudonc, je suis venue pour quoi déjà? » Et la question suivante s’enchaîne : « Suis-je sur la voie pour y arriver? »

Je vis toujours chacun de mes séjours au Japon comme s’il était le dernier, même si j’espère que chaque séjour donne naissance au prochain. Mais comme nous l’a montré la pandémie, la guerre contre l’Ukraine ou l’augmentation des prix, rien n’est assuré. Alors on n’a pas le temps de niaiser en se disant qu’on reporte à la prochaine fois…
 
Je ne suis pas de ceux qui veulent tout accomplir, je suis très loin des visiteurs qui veulent voir tous les lieux touristiques. Si vieillir m’a appris quelque chose, c’est de mettre l’énergie dans ce que je trouve le plus important. Donc je peux reporter, mais il y a des essentiels. Et cette liste-là, celle de nos buts, est un outil. J’y retourne à l’occasion pour des réajustements nécessaires (certains points peuvent être devenus moins importants, d’autres avoir monté plus haut). Maintenant que mon chum et ma fille sont venus (ça faisait partie des essentiels), que reste-t-il à cocher?

Concerts, feux d’artifices : l’équinoxe est célébrée au Japon par un jour férié (23 septembre) et Kangetsu-kan « la vue de la lune » qui suit la pleine lune des Moissons (17 septembre).

La recherche
Elle avance, mais plus lentement que prévue. J’ai dû réajuster le calendrier, parce que je ne suis pas arrivée à faire toutes mes entrevues avant la fin de l’été. Nouvel objectif: fin octobre. J’ai commencé les entrevues avec les mères, même si j’ai plus de mal à en trouver, car celles qui ont des conjoints qui ont pris un congé de paternité sont rares… C’est toute une étape pour moi car je fais les entrevues seule, et je me compare à mon professeur (c’est sa langue maternelle, je sais, je sais…)

Le japonais
Bien évidemment, mon but en venant au Japon était également de faire quelques pas de plus dans ma maîtrise du japonais. Je passe par différents stades. Il y a des journées où je suis contente car j’ai compris tout le monde sur mon chemin, et d’autres où je me décourage parce que j’ai ouvert la télévision et que plein de mots m’ont échappé.
 
Que faire pour me forcer à m’améliorer, en plus de mon cours hebdomadaire? J’ai commencé à lire un peu tous les soirs en japonais. Mais, la semaine dernière, je me suis rappelé que c’était la date limite pour l’inscription à l’examen du JLPT (Japanese Language Profiency Test), un test passé dans le monde entier, le même jour, début décembre. Il y a cinq niveaux, le top est le N1 (et je n’ai aucune intention de m’y rendre, c’est un peu trop spécialisé pour mes envies). Mais serait-ce le temps de réessayer le niveau 2?
 
Voici mon parcours JLPT
2006 : j’ai réussi l’équivalent du N4 (j’ai fait le test à la fin de mon séjour d’un an à Kyoto)
2017 : j’ai réussi le N3 (j’ai dû aller le faire à Toronto, l’un des seuls endroits où on peut le passer au Canada)
2018 : j’ai tenté le N2 à Kyoto, après mon séjour de trois mois parce que mon école faisait participer les étudiants
 
J’avais peu d’espoir en 2018, car je venais tout juste de réussir le niveau 3. Après tout, ça m’a pris onze ans entre le N4 et le N3! Je l’avais échoué, mais pas autant que je le croyais : j’avais réussi deux sections sur trois… Il faut toutes les réussir, en plus d’avoir assez de points au total (ça aussi, je l’ai manqué). Je ne lisais pas assez vite, donc je n’ai pas eu le temps de compléter toutes les questions. Et ma grammaire laissait à désirer. Mais la formation intensive de trois mois avait été utile.
 
2022, je me réessaie. Je suis à Kyoto, je n’ai pas à prendre l’avion vers Toronto et me payer un hôtel. Et ça me force à réviser mes kanjis, à apprendre des mots de plus, à revoir ces notions de grammaire que j’avais oubliées… Alors quand Léo revient de l’école et qu’il s’assoit pour faire ses propres révisions, je m’assois en face et je révise aussi. J’ai acheté plusieurs livres et je suis assidue! On verra bien. Mais le résultat est plus ou moins essentiel : c’est de mieux maîtriser le japonais qui est important pour moi!

Entre culture traditionnelle et culture populaire
On a visité le Pavillon d’argent et on a assisté à un spectacle de rakugo (des histoires drôles) en trois langues, c’était une magnifique soirée!

On est aussi allés au campus ouvert de l’Université d’art de Kyoto où on a fait des parfums, admiré des projets d’architecture et de grandes sculptures de papier. Finalement, on a adoré notre sortie pour la comédie musicale de l’adaptation du manga Demon Slayer (photo). 

L’écriture
Je n’ai bien sûr pas le projet d’écrire un roman pendant mon séjour. Je n’ai pas ce temps avec la recherche, ni l’énergie d’ailleurs. Mais mon roman Les Fleurs du Nord sort en France en octobre, alors oui, je ferai tout pour en parler et le promouvoir! J’avais aussi l’ambition de me trouver un agent pour vendre les droits de traduction au Japon, ça c’est fait. On est en pleine recherche d’un éditeur.
 
Aussi, j’ai travaillé un peu plus pour visiter les écoles à mon retour en janvier, avec différentes conférences sur mes livres et le Japon, surtout que je fais maintenant partie du répertoire Culture à l’école

Trouver un travail au retour
Que vais-je faire en revenant? C’est une réflexion qui me turlupine (joli mot, on ne l’utilise pas assez souvent). En tout cas, j’ai compris que j’aimerais travailler dans un métier qui me gardera en lien avec le Japon, qui m’amènera à toujours alimenter mes connaissances sur ce pays. Les mangas, les liens entre la culture populaire et les valeurs, les changements sociaux, les représentations du Japon à l’étranger… Bref j’aime naviguer dans ce monde-là.

J’ai participé à un visionnement commenté de la chaîne ARTE qui a réalisé de courts documentaires sur différents aspects du Japon. Il était 3h du matin quand je me suis installée devant ma bibliothèque à Kyoto pour intervenir sur différents points et y apporter quelques touches sociologiques supplémentaires. J’ai eu bien du plaisir à faire ça, malgré l’horaire! Gacha Gacha, c’est une série de courts documentaires sur arte.tv J’ai pu en discuter avec le réalisateur Younès Joubrane et le créateur de contenu Louis-san.

Je viens d’apprendre que le Japon rouvrira ses frontières le 11 octobre aux touristes individuels, après deux ans et demi de fermeture. C’était très attendu! Le gouvernement travaille aussi à une loi permettant aux hôtels et auberges de mettre dehors des touristes qui ne respecteraient pas l’usage du port du masque, alors on envisage quelques tensions à venir. 🤔 Si vous faites partie des visiteurs à Kyoto, ne manquez pas l’ouest de la ville (Arashiyama) avec le pont qui traverse la lune (Tôgetsu-kyô), les temples Daikaku-ji et le Tenryû-ji. Et ne négligez pas les deux sanctuaires protecteurs de la capitale millénaire: le Kamigamo-jinja et le Shimogamo-jinja, surtout le dernier, plus calme grâce à sa forêt Tadasu no mori… Bon voyage!

2 réflexions au sujet de “La liste de mes essentiels”

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