La gestion des urgences au Japon

Le 1er janvier 2024, un peu après 16h, dans la préfecture d’Ishikawa, un tremblement de terre de 7,6 fait trembler toute la côte de la mer du Japon, suivi par plusieurs répliques. Les gens sont en train de visiter les sanctuaires pour faire la première prière de l’année, des torii de pierre s’effondrent et de grandes lampes bordant les sentiers oscillent comme des clochettes au vent. D’autres familles sont réunies dans les maisons, on prend refuge sous les tables en attendant de pouvoir sortir en sécurité.

À la télévision, les programmes habituels sont coupés, les équipes d’urgence prennent le relais. Ils alertent à répétition la population de la côte d’évacuer à toute vitesse, de sortir de leur appartement, de se réfugier en hauteur immédiatement. Certaines animatrices le crient à la télé : « Immédiatement! Fuyez tout de suite! » On voit une bordure rouge qui s’affiche avec ce mot : « Fuyez! » à l’impératif, ce qui est rare et marque encore davantage l’urgence de la situation.

On se souvient de 2011 et de la côte du Tohoku. Après le séisme de 9, les alertes furent insuffisantes, et c’est le tsunami venu du Pacifique, plusieurs minutes après, qui a fait le plus de victimes. Et quand on parle d’une « vague » d’un mètre, les gens ont tendance à penser qu’ils pourront y résister. Car cette image de la « vague » est fausse, un tsunami n’est pas qu’une vague d’eau qui arrive, c’est un surplus d’un mètre de l’eau, un courant qui prend toute la place, emportant tout sur son passage. À un mètre, une voiture est emportée!

Alors l’animateur crie de fuir sans rien amener, car on annonce une possibilité de 3 à 5 mètres, selon les régions. Tout le monde sort des maisons, il ne faut pas trainer, même si les répliques continuent à faire trembler la terre. On sait où aller, les refuges sont indiqués, il y a longtemps qu’on est organisés pour une telle possibilité.

L’importance de se préparer

Je n’ai pas vécu des alertes aussi sérieuses pendant mes séjours. Mais après quelques années au Japon, j’ai appris à me protéger. De séjour en séjour, j’ai compris que mon insouciance pouvait me condamner. En 2006, en ouvrant la télévision de mon nouveau chez-moi, on posait la question aux gens de mon quartier : « Savez-vous que la montagne ici pourrait s’écrouler, si un séisme de 9 arrivait? » Que faire pour tenter de limiter les dégâts? Qu’est-ce que j’ai appris de ces trois ans? Cela pourrait nous servir, même au Québec.

La prévention acquise au Japon

D’abord, j’ai l’obsession de fixer tous les meubles qui pourraient basculer. Mes parents ont dû me trouver un peu extrême lors de mon déménagement cet été, mais je tenais à ce que toutes les bibliothèques, le vaisselier, les commodes, soient attachées aux murs.

Ensuite, se renseigner sur ce qu’il faut faire en cas de séisme, inondations, etc. Toutes les grandes villes du Japon ont des centres de prévention des désastres. J’ai appris leur existence par l’école primaire de mon fils qui nous avait envoyé une lettre, après la pratique annuelle pour les procédures à faire en classe, et nous avions visité le musée qui y est dédié à Kyoto, avec des expériences très pratiques. Au Québec, certaines écoles ont aussi commencé les entraînements avec le programme La Grande Secousse.

Il peut être utile de préparer un sac à dos d’urgence. Cela est nécessaire au Japon, mais cela peut être une bonne idée au Québec aussi, avec notre climat glacial. Je me souviens, pendant que je résidais au Japon en 2018, un séisme a fait trembler l’île de Kyûshû, faisant plusieurs victimes. On ne l’avait pas senti à Kyoto, mais des amis m’avaient parlé du sac à dos à avoir près la sortie, ce que je n’avais pas fait encore. Même si j’avais repéré les multiples lampes de poche installées un peu partout dans la maison que je louais…

Plus spécifiquement en lien avec le Japon

Quand on habite à l’étranger, on s’inscrit auprès de l’Ambassade. C’est la 1re chose que j’ai vue dans mes courriels ce 1er janvier : un courriel de l’Ambassade du Canada me donnant des instructions et numéros d’urgence si j’étais dans la région concernée (et j’ai ainsi réalisé que j’avais oublié de me désinscrire en quittant le Japon).

Au Japon, pour des informations en français, le site Infos Locales au Japon m’a beaucoup aidé lorsque j’avais des questions précises sur les bonnes choses à mettre dans le sac à dos, les différentes mesures mises en place, etc. C’est une mine d’informations! Finalement, l’application NERV ou @EN_NERV sur le réseau social X est très fiable pour les infos les plus à jour. Je l’ai consulté en écrivant cette chronique, et je me rends compte que les répliques de séisme continuent à Ishikawa (on parle de plus de 150 jusqu’à maintenant)…

Voilà, j’espère que cet article vous aura été utile. Kyoto est loin de la région touchée par le tremblement de terre du 1er janvier. Mais je suis de tout cœur avec les Japonais qui commencent les recherches pour sauver le plus de gens, pris sous les décombres, maintenant que les alertes au tsunami sont terminées.

Images tirées de Reuters, des comptes de la journaliste Karyn Nishimura et du professeur Jeffrey J. Hall.

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