Le temps magnifique sâest poursuivi et les bourgeons des cerisiers se sont ouverts. Au Japon, on appelle le moment de la pleine floraison le « mankai », et on en parle Ă la radio, Ă la tĂ©lĂ©, dans les bulletins mĂ©tĂ©o aussi. Une carte du Japon, toute en rose, permet de suivre le sommet de cette floraison, de la comparer avec lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente (elle est plus tĂŽt cette annĂ©e, dans Ă peu prĂšs toutes les rĂ©gions).
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Les moments Ă la maison sont ponctuĂ©s des devoirs de LĂ©o, des discussions avec la famille au QuĂ©bec, et la prĂ©paration des documents de lâĂ©cole de LĂ©o, en plus de son matĂ©riel scolaire. Mais nous avons aussi Ă©tĂ© occupĂ©s Ă parcourir la ville, Ă prendre des centaines de photos de cerisiers, et Ă faire beaucoup de marche et de vĂ©lo.
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Dans une anthologie trĂšs connue au Japon, le Ogura Hyakunin Isshu qui rĂ©unit 100 poĂšmes Ă©crits il y a environ mille ans, jâen ai trouvĂ© un qui dĂ©crit bien ce quâon peut ressentir devant la beautĂ© des cerisiers:
ăăăšăă«ăăŻăăšăăăžć±±æĄ
è±ăăă»ăă«ăăäșșăçĄăUnanimement, prenez mon mal en pitiĂ©, cerisiers des monts,
Ancien ArchevĂȘque GyĂŽson (1055-1135)
DâĂąme je ne connais que celle de vos fleurs!
RedĂ©couverte d’Arashiyama
Ce quartier de lâouest de Kyoto a une place particuliĂšre dans mon cĆur, car câest lĂ que nous avons habitĂ©, avec Philippe, pour une annĂ©e. Câest aussi Ă cet endroit que nous avions louĂ© une petite maison quand nous sommes retournĂ©s au Japon pour un mois avec les enfants. Nous avions eu un superbe voyage. On en avait fait plusieurs vLe temps semblait un peu menaçant, mais en regardant le matin mĂȘme, on prĂ©voyait plus des nuages que de vrais risques de pluie. Alors, on sâentend avec une amie pour faire la visite duidĂ©os, mais mon prĂ©fĂ©rĂ© est celui de nos rencontres avec les amis, accessible ici: /https://youtu.be/5BaHua2-GSs
Jâavais envie de revoir Arashiyama. Par une belle journĂ©e ensoleillĂ©e, jâai annoncĂ© Ă LĂ©o que nous allions nous y rendre partiellement en vĂ©lo, puis en tramway, afin de voir le tunnel des cerisiers, un passage populaire de la ligne du train Randen. Le passage dans le tunnel de cerisiers est toujours aussi bref, mais superbe. Nous Ă©tions dans le wagon de tĂȘte, avec la meilleure vue, et ce nâĂ©tait pas bondĂ©, comme ce lâest habituellement en cette saison. En arrivant Ă Arashiyama, Ă©videmment il y avait du monde â des Japonaises en magnifiques kimonos, des jeunes Japonais aussi â mais câĂ©tait vraiment plus agrĂ©able que les foules qui dĂ©bordent habituellement dans la rue principale. On a traversĂ© le pont, marchĂ© sous les cerisiers en constatant quâils Ă©taient plus avancĂ©s que dans notre quartier au nord de Kyoto. Puis on est allĂ©s visiter le « temple du Dragon cĂ©leste », le Tenryu-ji. Bref, câĂ©tait une trĂšs grosse journĂ©e, mais fort agrĂ©able avec ses 11 kilomĂštres de vĂ©lo et ses 15 000 pas!
Cerisiers sous la pluie
Le temps semblait un peu menaçant, mais en regardant le matin mĂȘme, on prĂ©voyait plus des nuages que de vrais risques de pluie. Alors, on sâentend avec une amie pour faire la visite du temple Daigo-ji quand mĂȘme. Câest aussi un temple reconnu au patrimoine mondial de lâhumanitĂ©, fondĂ© en 874. Sa pagode est dâailleurs lâune des plus vieilles du Japon (elle a Ă©tĂ© construite en 951!).
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Câest vrai, il est extraordinaire. MĂȘme si la pluie sâest finalement mise Ă tomber et quâon a dĂ» se rĂ©fugier, dĂ©trempĂ©s, sous le toit dâune tente pour se rĂ©chauffer avec une soupe chaude. MĂȘme si une partie de la forĂȘt qui entoure le temple a dĂ» ĂȘtre rasĂ©e aprĂšs le passage dâun typhon qui avait trop gravement atteint les arbres.
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Le lieu reste trĂšs riche. Ă la fois pour ses cerisiers, mais aussi pour la diversitĂ© de ses pavillons (pagode, Ă©tang, jardin). Jâai adorĂ© la visite du Sanboin Omote-Shoin äžćźéą, oĂč on a pu marcher sur de longs planchers de bois, entourĂ©s de paravents peints qui couvraient toutes les Ăšres: de trĂšs vieilles peintures Ă peine discernables Ă de toutes nouvelles Ćuvres de bambous sous la neige et de cerisiers Ă©clairĂ©es par la lune.
Rentrée universitaire
Je suis au Japon pour faire une recherche, je vous en parlerai plus en dĂ©tails dans une autre chronique. Mon universitĂ© est Ă Kobe, Ă 1h30 de train. Si jâhabite Kyoto, câest parce que mon professeur y habite aussi. Câest plus efficace dâhabiter prĂšs de son directeur, quand on est en pleine recherche, que de lâuniversitĂ© oĂč on nâa pas de cours Ă suivre.
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Jâai tout de mĂȘme Ă©tĂ© invitĂ©e Ă venir Ă lâaccueil des Ă©tudiants aux cycles supĂ©rieurs. Mon professeur Ă©tait Ă©galement avec nous. LĂ©o a patientĂ© Ă la bibliothĂšque de sociologie pendant la rĂ©union oĂč jâai rencontrĂ© les professeurs et les Ă©tudiants en maĂźtrise et au doctorat. JâĂ©tais la seule Ă©trangĂšre du lot, la seule en post-doctorat aussi. Câest donc assez intimidant de se lever pour prĂ©senter son sujet quand câest Ă son tour.
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Avant de repartir vers la gare, LĂ©o et moi, on sâest assis sous un cerisier qui perdait ses pĂ©tales â tempĂȘte de sakura â pour boire un peu de thĂ©, admiratifs. VoilĂ , je sais maintenant comment me rendre Ă lâuniversitĂ©!