Le vrai grand projet de Léo, c’est d’atteindre le sommet du mont Fuji, mais 3776 mètres, ce n’est vraiment pas dans les buts! Toutefois, Léo regarde le mont Hiei à chaque jour, depuis la fenêtre de son école. Après avoir monté le Daimonji (la petite montagne où on fait brûler un caractère en août), il était enthousiaste. Surtout quand il a appris que j’avais déjà exploré Hiei-zan…
Mes amies se souviennent très bien de cela: on avait monté à pied les 850 mètres, même s’il y a un téléphérique qui se rend au sommet! Un jour de mai, en 2010, on s’était donc rendu toutes les trois au pied du sentier et on était arrivés au temple du sommet bien épuisées. Tellement que j’avais proposé qu’on redescende en utilisant le téléphérique et le train par câble! Ah ah ah! Alors que la plupart préfère l’inverse! On m’en parle encore!
Bref, animée par l’envie de Léo, j’ai trouvé un couple d’amis motivés, et nous sommes partis samedi matin. Il faisait très chaud, mais sous l’ombre des arbres, c’était une journée parfaite. Le temps était clair, le soleil au rendez-vous, le vent léger aussi.

Rendu en haut, la ligne d’observation sur les montagnes entourant Kyoto est renversante. On voit non seulement tout le nord de la ville, mais le quartier d’Iwakura et le village de Ohara aussi. Notre ami nous a expliqué que le Mont Hiei est le mont sacré de l’est de Kyoto, depuis la fondation de la capitale. Un temple y a été implanté il y a 1200 ans pour garder les démons dans la montagne, les empêchant de descendre en ville. Car on croyait que le mal résidait au nord-est, selon des croyances venues de Chine.
Après avoir mangé, notre amie a sorti un tenugui (un tissu long) qu’elle a posé sur le sol, juste devant cette magnifique vue. Et de son sac à dos, elle a déballé différents instruments pour la cérémonie du thé. Léo, qui a commencé sa formation mercredi dernier, était tout content et il a proposé de fouetter le matcha (thé vert en poudre). Yuki-san était enchantée. Chacun notre tour, on a dégusté un thé fouetté par Léo, grâce à la belle pensée de notre amie. C’était un moment magique.

Puis on a continué notre marche jusqu’au temple Enryaku-ji, inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Après sa fondation, ce temple avait des moines-guerriers particulièrement reconnus, les sōhei. Ils étaient souvent en conflit avec ceux du temple Mii-dera, situé juste de l’autre côté de la montagne, près du lac Biwa. Ils ont incendié bien des pavillons au fil du temps, ce qui finit par irriter Oda Nobunaga qui fit raser le temple! Que les deux daimyos suivants, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu, firent reconstruire…
Ce temple est aussi reconnu pour le « marathon des moines », le kaihōgyō, une pratique extrême qui dure 1000 jours répartis sur 7 ans. Les 700 premiers jours, le moine marche de 30 à 40 km en priant dans la montagne, en petites sandales, puis il doit réciter des sutras pendant 9 jours sans boire, manger ou dormir. Avant de terminer ses 300 autres jours de marche… La question de Léo quand il a appris cela: « Mais… pourquoi? » Notre ami a répondu que les voies de la foi ne sont pas nécessairement rationnelles…
Le Enryaku-ji est un temple exceptionnel à visiter. On a le sentiment de visiter un lieu sacré entre le bouddhisme, avec les statues caractéristiques d’Amida et autres, mais aussi du shintoïsme, à cause de la couleur rouge plus largement présente qu’à l’habitude. On peut y faire sonner une cloche. C’était la deuxième fois que je le faisais à cet endroit! Dans le bouddhisme, ce bruit chasse les démons, alors que pour les catholiques, les cloches qui résonnent sont plutôt un signe de célébration! Que c’est fascinant!

Et pour la descente? Eh bien, on a utilisé le cable-car! Après tout, le train qui descend la montagne à trois kilomètres à l’heure est aussi une aventure fort intéressante (et reposante!) 😀

La Semaine Japon
Je suis une des trois ambassadrices de cette magnifique Semaine Japon à Montréal! Si vous habitez la région montréalaise, du 6 au 12 juin, encouragez les restaurants et boutiques participantes, profitez des événements spéciaux, portez des vêtements japonais! De mon côté, j’ai pu visiter le lieu où la compagnie de saké Gekkeikan a été fondée, à Kyoto et j’en ai fait un vidéo!
Du vélo vers le Kamigamo
Le lendemain, dimanche, le temps est beau. Au programme: grand ménage de l’appartement, balayeuse pour Léo, planchers pour moi; lavage du linge aussi, devoirs de français, pratique de flûte… Et une petite sortie à vélo pour continuer à découvrir les beautés de notre quartier à Kyoto!
Nous visitons régulièrement le sanctuaire protecteur du « bas » de la rivière (Shimogamo-jinja) car il est près de la maison. Il est d’ailleurs tout près de la clinique qui traite mon doigt! Mais cette fois, on a monté la rivière aux canards (Kamogawa) pour visiter le sanctuaire protecteur du « haut », le Kamigamo-jinja. Les deux étaient reliés par une grande forêt vierge dont il reste des vestiges, tout particulièrement près du Shimogamo, le plus ancien des deux. Comme pour le mont Hiei, ce duo de sanctuaires a été construit pour protéger la région des démons, tout particulièrement pour diminuer les inondations.
C’était dimanche, alors on a croisé plusieurs mariés et leurs familles en habit traditionnel. Ces sanctuaires shintoïstes sont très anciens, dans les plus vieux du Japon. On parle de l’an 678 pour le Kamigamo (et 100 ans auparavant pour le Shimogamo)… Ce qui veut dire qu’ils étaient présents AVANT qu’on implante la capitale à Kyoto… Ça me fascine toujours quand je réalise cela.
Puis, la semaine a recommencé et on s’est calmé un peu! Ah ah ah!
