La poétesse Misuzu Kanéko

C’était un vieux rêve, datant de mon premier retour du Japon, à la fin de 2006: faire connaître Misuzu Kanéko. Je venais de découvrir cette poétesse par un livre que ma professeure de Kyoto m’avait offert. Les images qui accompagnaient les poèmes étaient pleines d’innocence, me rappelant les couvertures surannées de la Bibliothèque rose.

Mais les poèmes, oh les poèmes!, allaient beaucoup plus loin que la naïveté de l’enfance. Ils étaient à la fois simples, courts, avec de jolis jeux de langue, donc accessibles aux enfants; mais abordaient les sentiments avec toutes les nuances des couleurs de la vie d’adulte.

– L’impossibilité d’être autre chose que soi-même qui permet de s’émerveiller de soi et des autres (L’oisillon, la clochette et moi)
– La difficulté de vivre ensemble et… l’importance d’être bien entouré (Es-tu seulement l’écho?)
– Le jeu qui nous libère un instant de la réalité (Le cerisier de la montagne)
– Qu’il y a plus que ce que les yeux perçoivent (Les étoiles et les pissenlits)
– La nostalgie heureuse de la voix de sa grand-mère (Le chant de grand-maman)
– L’éternité des événements (Le feu d’artifice)
– L’importance du rite pour laisser place à la tristesse du deuil (L’enterrement de la baleine)
– L’insatisfaction humaine à travers la place d’un flocon de neige (La neige qui s’accumule)
– Le « toutte est dans toutte » de Raoul Duguay (Les abeilles et les dieux)
– La beauté émouvante de la liberté perdue (La grue)
– La transformation et ses nécessaires gains et pertes (L’âme de la fleur)
– Le support des souvenirs (Le rire)
– L’irrépressible envie d’aimer (Tout aimer)

Ce sont les treize poèmes que l’illustratrice Rieko Koresawa et moi avons choisi de traduire pour cet album. Nous en avons préféré certains car ils étaient très connus au Japon, mais d’autres parce qu’ils étaient inspirants pour nous, pour notre époque. En traduisant, j’ai voulu rester le plus proche possible du jeu des mots, cherchant à les renouveler en français, ou encore en gardant les répétitions. Ce fut très difficile de trancher quand venait un mot typiquement japonais, qui rappelait un vêtement ou un conte traditionnel, par exemple. Le public étant les enfants, j’ai priorisé leur compréhension, parfois au détriment d’une traduction plus littérale. Je voulais qu’ils puissent apprécier la poésie de Misuzu Kanéko autant qu’un enfant japonais le pourrait. L’éditeur a accepté de mettre les versions japonaises des poèmes, ce qui permettra aux enfants francophones de s’amuser à prononcer le japonais, mais aussi à tous les étudiants de cette langue de critiquer mes choix de traduction!

C’est une poésie lumineuse, qui regarde la nature avec des émotions parfois éclatantes, parfois déchirantes. Les illustrations magnifiques de Rieko transmettent parfaitement ce regard que nous partageons sur la poésie de Misuzu. La vie de cette poétesse ne fut pas un long parcours tranquille et heureux, mais la charge dramatique de son quotidien n’est pas si évidente dans ses poèmes. Peut-être parce que Misuzu Kanéko trouvait dans son écriture un réconfort lui permettant de reconnecter avec les petites joies parsemées dans son univers et ses désirs d’une vie plus belle.

J’espère que vous vous serez aussi émerveillés que moi par les mots de Misuzu Kanéko! Et par les somptueux dessins qui les accompagnent! Le livre est disponible depuis peu, mais il est déjà coup de cœur chez Renaud-Bray! Wow!

J’en profite pour vous inviter à deux événements qui auront lieu à Lévis: une conférence pour les enfants le 7 mars, et un lancement/conférence avec l’illustratrice le 20 mars. Au plaisir de vous rencontrer!

6 réflexions au sujet de “La poétesse Misuzu Kanéko”

  1. Bonjour Alexandra!
    Non, malheureusement, il n'y aura pas de lancement à Montréal. Mais nous serons sûrement au Salon du livre de Montréal en novembre, alors au plaisir de te rencontrer!
    Valérie

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