La chasse aux feuilles d’automne, la belle saison de Kyoto

Il reste moins de 50 jours à notre voyage. Je le sais, car j’ai préparé un calendrier du retour que j’ai partagé avec ma fille. C’est un chemin de fer dont on doit dessiner les travées et les espaces à chaque jour. Les boites sont montées et j’ai commencé à les remplir (et à lister tout ce que j’y mets), j’ai signé les papiers pour la résignation de notre logement, de l’école de Léo à la fin du semestre, pour la location des gros meubles, les billets sont achetés. J’ai pris des photos de ce que je compte vendre/donner. C’est beaucoup de travail pour partir correctement. Ça m’a donc concocté tout un mois de novembre…

La recherche : entrevues terminées!
 
Ça y est, toutes les entrevues sont terminées! Les rencontres avec les mères (que j’ai faites seule), puis celles avec les pères (en collaboration avec mon directeur). J’ai reçu toutes les transcriptions des mères, je suis dans les traductions et le début de l’analyse. Pour les papas, je n’ai pas encore tout le texte, alors ça ira après, je suis de toute façon bien occupée à traiter les paroles des mamans.

J’ai aussi fait plusieurs présentations pour mes recherches. La première en anglais, au Congrès annuel de la Japan Sociological Society, à propos d’une recherche sur les femmes en TI que j’ai réalisée avec la professeure Diane-Gabrielle Tremblay en 2018-2019. Les articles scientifiques sur nos résultats ont été publiées pendant la pandémie, alors je trouvais pertinent de les présenter ici, surtout que le congrès avait lieu à Ibaraki, une ville à 40 minutes de Kyoto.

Un dimanche matin, Léo m’a donc accompagnée dans cet immeuble tout neuf, en forme de vaisseau spatial tiré tout droit de l’univers de Star Trek, pour écouter la session des six présentations. Il était très content de voir la mienne, je crois que ça lui a permis de réaliser que mon travail n’était pas seulement d’être assise devant mon ordinateur (!), mais il aurait voulu partir tout de suite après (j’étais la 2e communication). Il a fallu qu’il patiente un peu plus longtemps… 😅

Un des bâtiments de l’Université Ōtemon Gakuin Daigaku à Ibaraki-shi

Puis un mardi fin d’après-midi, par Zoom, j’ai présenté les résultats très préliminaires de ma recherche aux professeurs et étudiants à la maîtrise/doctorat de mon université. L’anglais était déjà un défi à relever, mais celle-là était en japonais! Disons que j’ai réussi à communiquer les résultats, mais je suis sortie en me disant que j’avais encore bien du chemin à faire… Tout de même, ma compréhension, à la fois à l’oral et à la lecture, s’est améliorée. Reste mes structures de phrases à travailler.

Les couleurs de l’automne
 
Kyoto, en novembre, c’est déjà une saison très chargée. Car s’il y a deux moments de beauté savoureuse dans cette ville et ses alentours, c’est le printemps rosé des cerisiers, mais également l’extraordinaire changement de couleurs des feuilles en automne. Les érables japonais, rouges et jaunes, et les gingkos biloba, jaune vif, sont extraordinaires. Personnellement, je me demande à chaque fois si je ne préfère pas l’automne et ses couleurs contrastées qui se mélangent au vert profond des pins et au vert plus tendre des cèdres japonais. C’est ma 4e fois et je n’arrive pas à trancher entre les deux.

Mais des sorties possibles pour admirer les couleurs, il y en a BEAUCOUP. Certains lieux sont sur réservation, d’autres simplement avec un prix d’entrée. Il y a tous les parcs extraordinaires (Tadasu no mori, Takaragaike, Umenokoji, Gosho, le mont Hiei) qui sont gratuits, comme la plupart des sanctuaires d’ailleurs. Il y a des sites très utiles qui surveillent le stade des feuilles, le calendrier officiel de la ville de Kyoto, ou le site de la météo pour qu’on sache quand y aller. Je dois avouer que j’aime particulièrement les illuminations de soirée, ou les jours de ciel bleu avec le contraste chaleureux des feuilles!

Un paysage du Tenryû-ji, la pluie rend les couleurs encore plus brillantes!

Je vous fais un résumé de ce qu’on a fait pour admirer cette saison depuis un mois :

  • Kurama-dera, Kifune-jinja : on est allés dans le nord de la ville pour marcher dans les montagnes avec une amie et c’était tellement beau que j’y suis retournée toute seule, deux semaines plus tard, pour faire en train le « tunnel des érables ». À noter que je suis revenue assez courbaturée du chemin de montagne entre Kurama et Kifune! Peut-être parce qu’il y a plus de marches que le mont Hiei?
  • Plusieurs visites au sanctuaire Shimogamo-jinja (où il y a une étonnante exposition d’ikebana et de bijoux par Van Cleef & Arpels), on est allés deux fois au Kamigamo-jinja, dont une visite de nuit pour une illumination spéciale.
  • Je suis allée en vélo dans la montagne derrière chez moi pour voir le jardin du Entsu-ji (j’ai également apprécié la descente de la pente après!)
  • On est allés dans le sud-ouest de Kyoto, dans une région plus rurale de la ville pour voir un vieux sanctuaire, le Oharano-jinja, avec une amie. Un vieil arbre sacré était tombé lors d’un typhon et un artiste en a fait une petite maison où on peut entrer.
  • Après mon cours de japonais hebdomadaire, je suis allée faire un tour au Shôkuku-ji en me surprenant de ne l’avoir jamais fait encore, étant donné que c’est très près du parc impérial.
  • J’ai découvert l’extraordinaire beauté automnale du Renge-ji (un coup de cœur), au pied du mont Hiei, et je n’ai pas détesté le calme du Miyake Hachiman-gû, juste à côté.
  • Je suis allée faire un petit tour au Chion-ji, dans l’est de la cité, et au Yasaka-jinja. Il y avait beaucoup de monde (et beaucoup d’érables magnifiques aussi).
  • On est allés faire une descente de rivière de la Hozugawa Kudari: 16 kilomètres entre Kameoka et Kyoto (Arashiyama), en bateau de bois. On a eu beaucoup de plaisir, on a ri aussi grâce aux commentaires d’un des capitaines, et c’était superbe même sous la pluie.
  • Avec une amie, on a vu une des illuminations les plus magnifiques: celle du temple Byôdo-in, à Uji.
  • Petite matinée au Nanzen-ji et au Eikan-dô, les temples sans doute les plus recommandés pendant cette saison à Kyoto (et on comprend pourquoi).
  • On est allés écouter de la musique au Kawaii-jinja, sous un immense ginkgo jaune, quel décor pour savourer un concert!
  • On est aussi allés au Jardin botanique en soirée, on a pu admirer un héron en pleine chasse!
  • Je suis retournée à Arashiyama pour visiter le Matsunoo-jinja et le Daikaku-ji en soirée.

Et j’ai aussi visité l’extraordinaire Hiyoshi-taisha à Ôtsu, de l’autre côté de la montagne sacrée Hiei-san, vers le lac Biwa. Je le recommande vivement, c’est l’un des lieux sacrés de Ôtsu qui m’a le plus impressionnée par son calme, son ambiance, ses bâtiments…

Le Hiyoshi-taisha a une porte torii tout à fait particulière, on la dit « de la montagne » car le sanctuaire est au pied du mont Hiei.

Résumé des autres activités…

Un jour, j’ai lu que les chevaux qui reconnaissent le chemin du retour vers leur écurie vont toujours trotter un peu plus vite, impatients de revenir. Je m’en souviens encore, car je suis un peu comme cela. Je pars bientôt et, comme toujours, j’ignore quand je serai de retour au Japon, surtout avec le prix des billets qui ne cesse d’augmenter… Je sais bien que je ne pourrai pas tout voir, rencontrer tout le monde, mais j’essaie quand même de profiter de cette belle saison au maximum. On a donc fait d’autres activités en plus de l’admiration des feuilles :

  • On a visité nos amis Pierre et Okustat qui faisait une exposition de leurs bijoux en ville, travail de joaillerie qui fascine beaucoup Léo (et moi aussi).
  • Il y a eu une éclipse qu’on est allés en voir en soirée en marchant vers l’est pour trouver un bon endroit pour l’admirer. Il était 19h, c’était calme, un moment magique.
  • Un petit tour au temple Sanjusangendô (où on faisait brûler les vœux des pélerins pour qu’ils atteignent le ciel, c’était presque effrayant de voir l’immense feu) avant une visite au Musée national en face pour une exposition sur la cérémonie du thé.
  • Avec deux amies, on est allés voir une exposition d’artisans de confiseries traditionnelles de Kyoto, mais modernisés avec des motifs d’arbres à l’intérieur, c’était magnifique!
  • On est allés à Osaka aussi, le sanctuaire Sumiyoshi-taisha était magnifique (même si les érables ne sont pas très nombreux dans ce sanctuaire).

Bref, on en a fait des choses… Et, comme conséquence au temps qui ne peut s’étirer : j’ai sacrifié les études du japonais que je faisais afin de passer le test du JLPT. L’examen avait lieu aujourd’hui. Il y a un mois, j’ai réalisé que je n’aurais pas eu le temps d’étudier suffisamment. Comme vous le voyez, avec la recherche, l’école, la vie quotidienne, les feuilles et les amis; ou étudier sagement mon japonais avec toutes les techniques nécessaires pour passer ce difficile examen…
 
J’ai choisi les feuilles et les amis! 😉 Je ferai l’examen une autre année, à Toronto, mais je savais que je ne pourrais pas reprendre les moments au Japon. Et les billets sont rendus tellement chers qu’on ne sait pas quand on pourra revenir…

Le Daikaku-ji illuminé en soirée.

2 réflexions au sujet de “La chasse aux feuilles d’automne, la belle saison de Kyoto”

Répondre à Valérie Harvey Annuler la réponse