Au revoir Kyoto, dernier carnet du Japon

Un déménagement, c’est toujours une période un peu compliquée. Dans les dernières semaines, tout particulièrement les derniers jours, j’étais occupée à la pesée des boites, la préparation des valises, la relecture des règles de ce que je peux envoyer par bateau, de ce qui doit être mis dans les bagages enregistrés… J’ai dû aussi vendre les quelques items de la maison. Et il y avait tout plein de processus administratifs pour officialiser notre départ du Japon. Jeudi, on quitte l’appartement; vendredi, on part de Kyoto pour passer quelques jours à Tokyo; puis dimanche, c’est le vol de retour vers le Québec!

Les Fêtes
Notre Noël fut tranquille. Il fut étrangement chrétien, en fait, même si on est au Japon! Le 23 décembre (dernier jour d’école pour notre fils), une amie est venue me chercher pour qu’on puisse assister à une présentation de « tableaux » (pratique datant du Moyen-Âge qui mélange chorégraphies narrées et chants) racontant l’annonce et la naissance de Jésus, dans une école secondaire catholique de Kyoto fondée par… des frères québécois il y a 70 ans! C’était très beau de voir et d’entendre ces jeunes de 12 à 16 ans qui ont eux-mêmes organisés toute cette soirée ensemble!

Le jour du réveillon, nous avons rencontré des Québécois en visite au Japon et nous avons fait un festin de tofu! Un repas 11 services autour du tofu, tout le monde était vraiment heureux, c’était savoureux. Nous sommes ensuite entrés au Heian-jingu illuminé, le dernier événement spécial de cette année d’illuminations à Kyoto. C’était magnifique et féérique.

Avec Marisha, autrice des Globetrotter books, livres à découvrir pour les passionnés du monde!

Et le jour de Noël, nous avons été invités chez la famille d’une amie où nous avons bien mangé, en terminant avec le gâteau de Noël (un shortcake aux fraises). On a chanté aussi des hymnes de Noël que tout le monde connaissait, mais en versions différentes : moi en français, son fils en japonais, un invité en kinyarwanda (langue du Rwanda) et un autre en anglais! C’était vraiment superbe et très émouvant aussi!

Ise
L’endroit le plus sacré du Japon, c’est certainement le sanctuaire d’Isé, tout près de l’océan. Je l’avais vu une fois, en 2010, j’ai fait un aller-retour d’une journée avec une amie. Et j’avais trouvé cela très beau, alors j’avais le goût de faire découvrir le coin à Léo. Alors comme dernière escapade en dehors de Kyoto, nous avions réservé deux nuits dans une auberge de Futami no ura, en banlieue de la ville d’Isé. J’avais en fait choisi d’être tout proche de la mer, et surtout des fameux rochers mariés, Meoto Iwa. Je voulais les voir dans les grosses vagues, au lever du soleil, la nuit éclairé par quelques lumières, par temps plus calme… J’ai même pu voir le mont Fuji de l’autre côté de la mer quand on y est allés au lever du soleil! Bref, vous le comprenez, on est y allés quatre fois en tout, et Léo commençait à trouver un peu épuisante ma fascination pour les vagues qui frappent des rochers (et les grenouilles de pierre) en plein hiver!

Les rochers mariés (Meoto-iwa), au lever du soleil
(le mont Fuji était là aussi, dans les montagnes au loin, mais on ne le voit pas sur la photo!)

Après avoir vu le lever du soleil, nous sommes partis vers la ville d’Isé pour visiter le sanctuaire extérieur (le Geku), puis se diriger vers le sanctuaire intérieur (le Naiku). Ces deux lieux sacrés ont la caractéristique de respecter la tradition de démolir et de reconstruire les pavillons (et le pont) à tous les 20 ans… Le bois est récupéré bien sûr, et il est envoyé à d’autres sanctuaires. Mais nous avons pu admirer la 62e reconstruction (elle date de 2013). Comme je suis venue en 2010, ça veut dire que les pavillons étaient tout nouveaux, dans la forêt très ancienne tout autour…

L’entrée du sanctuaire sacré Naiku, Ise-jingu

Les pavillons intérieurs sont interdits à tous (sauf à la famille impériale ainsi qu’aux prêtres et prêtresses). On y garderait le fameux miroir sacré que la déesse Amaterasu a offert au premier empereur du Japon… On dit que ce sanctuaire sacré est situé à Isé depuis 2027 ans… Bref, un magnifique séjour, où on a également très bien mangé (les spécialités de la préfecture sont délicieuses).

Que ce soit en direct d’Isé, dans notre chambre tatamis à l’auberge, ou de l’appartement de Kyoto de plus en plus vide, j’ai préparé quatre chroniques pour Tout un matin pendant les Fêtes. Si les sujets vous intéressent, les voici :
 
La fascination pour les tours de plus en plus hautes
La campagne publicitaire Saké Viva! et les vertus du thé
Les 108 coups de cloche, les désirs qu’on laisse aller
Les lumières des Fêtes, la chasse contre l’ombre

sur ICI Radio-Canada Première

Nouvel An
Pour souligner la fête la plus importante de l’année ici (Nouvel An), j’ai regardé le grand spectacle de musique à la télévision, le 31 décembre, le fameux Kohaku. Tous les grands artistes du Japon y étaient, en plus des vedettes du sport, comme le patineur Hanyû Yuzuru ou des membres de l’équipe de soccer nationale. Le lendemain, on a pu voir les émissions du Québec avec plaisir.

Le lapin du zodiaque 2023, au Shimogamo-jinja

C’est le 2 janvier qu’on a rencontré des amis pour marcher dans la montagne et manger ensemble, c’était une formidable sortie à Ikoma. On a aussi fêté avec d’autres amis samedi en cherchant la fève dans la Galette des rois! Nous n’avons pas eu la couronne, mais qu’elle était bonne, cette galette maison!
 
Au milieu des derniers préparatifs, plusieurs salutations à nos amis se sont succédé… À chaque dernier repas avec eux, à chaque sortie finale, il y un « sayônara » (un terme qui signifie davantage que « au revoir » donc il n’est pas à employer trop souvent!). En un an, on a eu la chance d’être aidés souvent, de s’amuser beaucoup, d’être supportés aussi, tout particulièrement pour l’adaptation à l’école de Léo…
 
Ce n’est pas la première fois que je quitte le Japon en ne sachant pas quand j’y reviendrai, mais pour Léo, il ne se souvient pas vraiment de son dernier séjour ici en 2018. Il réalise un peu plus, à chaque salutation, que le départ approche. Son stress augmente, car cela annonce tout plein de changement. Du bonheur à venir bien sûr, mais il laissera de belles amitiés à Kyoto, et il ne trouve pas cela facile non plus. Ah! le paradoxe des sentiments contradictoires…
 
Au plaisir de vous réécrire après notre retour. On a très hâte de retrouver notre duo de Lévis!

1 réflexion au sujet de « Au revoir Kyoto, dernier carnet du Japon »

  1. Belle description d’un temps des fêtes particulier, mouvementé, à la fois traditionnel et très original, célébré dans une atmosphère d’amitié, de fulgurence du temps qui passe et ne reviendra pas, lui-même empreint de sentiments contradictoires constitués d’un mélange d’envie de retour et de tristesse du départ.
    Merci pour ce reportage. Bon retour Nomades.

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